3 questions à.. Andrés Gabetta!

Qu'est-ce qui fait l'originalité du projet «Tango Seasons»?
Andrés Gabetta: Coupler les Quatre saisons de Vivaldi avec celles de Piazzolla n'est pas inédit: de nombreux artistes l'ont déjà fait. C'est dans les nouveautés qu'elle présente que notre version est unique. Avec ce projet, j’ai voulu montrer qu'il n'y a pas vraiment de frontières entre la musique baroque et la musique moderne, entre l’instrument d’époque et l'instrument moderne. Malheureusement, plus on avance dans le temps et plus on tend à oublier que le maître-mot reste la musique avant tout. Nous avons ainsi retravaillé les Saisons de Piazzolla avec le compositeur Roberto Molinelli, ce qui nous a mené vers un mariage entre musique du 20e siècle et instruments d’époque. Ces derniers permettent de développer une sonorité plus colorée et contrastée.
 
 Qu'est-ce qui vous touche particulièrement chez Vivaldi et Piazzolla?
Andrés Gabetta: Ce projet me tient particulièrement à cœur: je souhaitais concrétiser l'union entre mes origines argentines et ma spécialisation en musique ancienne. Les cordes en boyau ont été d'usage jusqu’au début du 20e siècle, ce qui en fait est relativement récent, mais en un siècle, cette sonorité propre au boyau a totalement disparu avec l'arrivée des cordes en métal. C'est surtout frappant chez Piazzolla, compositeur du 20e siècle que nous sommes habitués à entendre sur cordes en métal; le redécouvrir sur boyau est donc une expérience riche en couleurs et originale.
 
 Est-ce vrai que le tango descend de la musique baroque napolitaine… ou est-ce une légende urbaine?
Andrés Gabetta: Difficile à dire. On sait que le tango est né du mélange de trois cultures: européenne, afro-américaine et argentine. Par exemple, la langue du tango s'inspire de l'argot du fin fond de Buenos Aires, mais elle tient également de l'espagnol, de l'italien, du français, du portugais et de l'anglais. Le mariage du baroque italien avec le tango m'est ainsi apparu comme une évidence.