trois questions à Lisette oropesa
Comment décririez-vous le caractère d'Elvira dans «I puritani»?
LO: J'aime toujours à trouver la force dans chaque caractère, mais ce qu'endure ici Elvira est plutôt intense! Elvira rêve de pouvoir épouser l'homme qu'elle aime, et ce rêve se brise sous ses yeux, devant l'autel, lorsqu'elle voit celui-ci s'enfuir avec une autre femme. Cet abandon la dévaste, la déséquilibre. Ce n'est pas que le fait de l'humiliation: elle s'était rendue à son mariage emplie d'une telle émotion que le traumatisme n'en est que plus grand. Lorsqu'elle découvre plus tard que tout cela n'est qu'un malentendu et que son bien-aimé l'a délaissée pour des raisons uniquement politiques, elle retrouve le sourire mais ne parvient pas à se débarrasser du sentiment d'abandon. Donc je dirais que cette expérience de femme met à l'épreuve son sentiment de sécurité et la rend plus vulnérable. Se sentir trahi par la personne que vous aimez et qui vous aime en retour, est une expérience vraiment pénible. La musique épouse les hauts et les bas de ces émotions qui l'assaillent, avec à la clé des moments d'une rare beauté.
Pourquoi les rôles belcantistes de soprano sont-ils souvent associés à la «folie»?
LO: J'ai l'impression que les scènes de folie n'étaient pas populaires uniquement parce qu'elles offraient une forme de champ libre à l'expressivité des cantatrices, mais parce qu'elles servaient également de vitrines au propre talent créateur des compositeurs. Cette imprévisibilité est très appréciée du public. Comme la structure de la musique belcantiste est généralement plutôt pesante, ces airs de folie constituent des occasions bienvenues de se départir temporairement de toutes ces règles.
Vous ferez cet été vos débuts au Gstaad Menuhin Festival: qu'attendez-vous de la manifestation, de la région, de la Suisse?
LO: J'adore la Suisse, je m'y suis rendue en hiver et c'était magique! On m'a dit qu'en été c'était un endroit d'une incroyable beauté! Je suis très excitée à l'idée de faire mes débuts dans ce rôle aux côtés de tant de magnifiques collègues, à l'image de Javier Camarena, Erwin Schrott et George Petean, trois très bons amis avec qui j'ai déjà eu le privilège de travailler. Je suis sûre que cela va être magnifique, et j'ai hâte également de collaborer avec Maestro Hindoyan.
