Elle est l'avenir de la trompette: 3 questions à Lucienne Renaudin Vary
Nouvelle venue dans le cercle des «Menuhin's Heritage Artists», la jeune et pétillante musicienne française propose, le 11 août à Rougemont, en compagnie de l'accordéoniste Félicien Brut, un récital à son image: solaire. Interview express.
On vous pose sans doute souvent la question... Avec Alison Balsom, Tine Thing Helseth, de plus en plus de jeunes femmes se profilent sur la scène jusqu'ici très masculine des cuivres: comment expliquez-vous cela?
LR: Quand j'ai commencé la trompette, je n'avais pas d’idées reçues sur l'instrument. Simplement le coup de foudre, à huit ans, la joie de produire un son. Je ne me suis rendue compte que plus tard que le milieu était très masculin – dans les classes, puis les concours. Au CNSM Classique, la première année, nous étions deux dans ma promo, et au CNSM Jazz, j'étais la seule fille. Si l'on associe la trompette à l'homme, c'est parce que les gens croient qu'il faut de la puissance physique pour souffler dans l'instrument, une carrure, mais c'est faux! La raison est sans doute historique, à rechercher du côté de l'inconscient collectif: l'association de la trompette avec le clairon, les fanfares, les défilés militaires... C'est une bonne chose que les mentalités évoluent, qu'il y ait de plus en plus de filles dans les conservatoire et dans les orchestres.
Pensez-vous avoir eu davantage de peine à vous imposer parce que vous étiez une femme?
LR: J'ai eu la chance d'avoir des professeurs bienveillants et d'être toujours bien entourée. Au CNSM, j’étais la plus jeune et je n'ai pas ressenti de rejet en lien avec ma féminité. En revanche, aujourd'hui, je remarque beaucoup de comportements et d'allusions sexistes. Peut-être est-ce le fait d’être un peu médiatisée, de passer parfois à la télévision?
Vous ne semblez pas reconnaître de frontières entre les genres, à l'aise tant dans le classique que dans le jazz: les étiquettes sont-elles révolues?
LR: J'aime toutes les musiques. J'ai besoin de tous les styles, cela me nourrit, m'enrichit. Il me serait impossible de choisir. Je ne change ni d'instrument ni d'embouchure lorsque je passe du classique au jazz. Et l'improvisation n'est pas l'apanage du seul jazz: l’interprétation d'un concerto, par exemple, offre une formidable liberté.
