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Wien
Beethoven delayed
15. Juillet – 3. Septembre 2022

Britten et Menuhin: qu'est-ce qui se cache derrière l'association de ces deux noms?

DH: Benjamin Britten et Yehudi Menuhin ont fait connaissance en 1945 à Londres. Quelques jours plus tard, ils se retrouvent ensemble à bord d'une petite voiture en route pour le camp de concentration de Bergen-Belsen récemment libéré. S'ils s'y rendent, c'est qu'ils ont l'intime conviction que ces victimes de la barbarie nazie doivent au plus vite retrouver un lien avec l'art et la culture, expressions par excellence de l'appartenance à l'humanité. Cela a dû être pour eux une rencontre à la fois bouleversante et terrifiante. Mais cela a scellé en même temps une profonde amitié artistique. Qui a pris une dimension supplémentaire lorsqu'en 1957 Benjamin Britten et Peter Pears ont accepté de venir à Saanen donner un concert à ses côtés, portant sans le savoir sur les fonts baptismaux un festival dominant aujourd'hui l'une des plus riches traditions d'Europe. 

Elgar et Menuhin?

DH: Une année après l'ouverture des «EMI Recording Studios» (comme on appelait alors les légendaires studios d'Abbey Road), Edward Elgar y enregistrait son Concerto pour violon avec l'Orchestre symphonique de Londres. Le soliste lui avait été recommandé par une personne à l'instinct très sûr, Fred Gaisberg: il s'agissait d'un jeune homme de 16 ans nommé Yehudi Menuhin. La première rencontre entre les deux musiciens a été un moment très fort. Ce n'est toutefois que trois jours seulement avant l'enregistrement, durant l'été 1932, que Menuhin a pu jouer pour la première fois la partie soliste à Elgar. Et encore: après quelques mesures seulement – Menuhin n'avait même pas encore atteint le deuxième thème –, Elgar l'a interrompu par ces mots: «Aujourd'hui est une journée magnifique et je ne me fais absolument aucun souci! Je dois me rendre à la course de chevaux!» Et de cet échange improbable est né l'un des plus beaux enregistrements de toute l'histoire de la musique.

Hope et Gstaad?

DH: «Gstaad my Love»: c'était le slogan utilisé par l'Office du tourisme local dans les années septante et c'est exactement ce que je ressens lorsque je me trouve à cet endroit. Je possède toujours les autocollants blancs avec impression rouge et noir de la papeterie Cadonau. Gstaad, pour moi, c'est le monde. C'est là que j'ai entendu mes premières notes de musique, vécu mes premières rencontres avec Beethoven, Mozart et Vivaldi. Les craquements des bancs de bois de l'église de Saanen sur lesquels on m'autorisait à m'asseoir des heures durant au moment des répétitions, sont gravés dans ma mémoire. Comme le son magnifique de l'Orchestre de chambre de Zurich dirigé par Edmond de Stoutz. C'est bien simple, Gstaad est si profondément ancré dans mes gènes musicaux que je me sens toujours un peu dans l'Oberland bernois lorsque j'écoute de la musique, quel que soit l'endroit dans le monde où je me trouve.